Après un été riche des visites de nos hôtes et de
nos familles, ensoleillé comme pour rattraper le retard pris au printemps,
l’automne nous a encore surpris avec une pluviométrie peu opportune.
Si
les escargots en ont bien profité – et nous en ont bien fait profiter ! –
ce ne fut le cas ni des abeilles ni de la vigne. Nous avions prévu un petit
message de vendanges mais la pluie, qui avait déjà retardé la floraison
printanière, a véritablement « pourri » la récolte dont plus de la
moitié a dû être jetée. La situation pour les vins d’Entraygues et Le Fel est
plus grave que dans d’autres régions viticoles où un septembre sec a permis de
compenser par la qualité le déficit quantitatif de la vigne d’environ 30% en
moyenne en France.
Mais
un vent très chaud a finalement soufflé chez nous pendant une semaine à la
mi-octobre et l’on peut espérer qu’il aura favorisé la maturation des parcelles
non encore vendangées : l’avenir nous permettra de juger et probablement d’apprécier
ce millésime 2013 malgré tout !
En
attendant, l’automne nous procure encore quelques jolis plaisirs. De
somptueuses couleurs mordorées illuminent et transforment les versants de nos
vallées ; les chevreuils se laissent surprendre à l’orée des bois, de même
que les sangliers qui se promènent en famille ; nous n’avons qu’à bien
nous tenir et enfermer nos volailles pour les protéger des visites nocturnes
des renards, de plus en plus nombreux et audacieux…
Et
la nature nous propose encore quelques belles recettes :
Le
nombril de Vénus est déjà revenu sur tous les murs de pierre :
superbe plante grasse comestible crue, extrêmement rafraîchissante, que l’on
consomme :
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Nombril de Vénus (à voir aussi en suivant ce lien) |
- en se promenant. Eviter simplement de la cueillir
trop près du sol où elle pourrait être contaminée par les renards et
transmettre l’échinococcose, maladie heureusement exceptionnelle en Aveyron ;
- en canapés garnis de tapenade, mousse de saumon,
pistounade au basilic du jardin, crème de roquefort etc.
- ou simplement dans la salade.
Les
capucines ont miraculeusement refleuri en abondance à l’automne.
Leurs feuilles et leurs fleurs épicent la salade
dont elles « réjouissent à la fois
le goût et la vue » : leur parfum rappelle celui des câpres, que
nous aurions pu obtenir dès le printemps de leurs boutons floraux et de leurs
graines.
Elles s’équilibrent à merveille avec la fraîcheur
du nombril de Vénus en y apportant leur côté épicé.
capucines de notre jardin, fleuries en novembre ! (à voir aussi en suivant ce lien) |
la bourrache a fleuri en automne (à voir aussi en suivant ce lien) |
La bourrache, ce légume
oublié, a repris cet automne une vigueur surprenante. Elle possède
une saveur franchement iodée. Les parties utilisées sont avant tout les jeunes
feuilles et les fleurs. Les feuilles s'ajoutent aux salades ou soupes. On peut
aussi les consommer cuites à la façon des épinards, de préférence à la vapeur.
Ses
fleurs bleues du plus bel effet décorent majestueusement salades et desserts
auxquels elles donnent leur saveur fraîche ; elles parfument aussi
les boissons et peuvent également être confites.
La
bourrache est une plante très mellifère.
Bien d’autres fleurs d’automne peuvent encore
joliment décorer nos salades et goulument les agrémenter : les soucis, les
tagètes, le silène enflé (si commun), le trèfle des prés, l’œillet, la rose
trémière, la marguerite, qui, toutes, peuvent aussi être confites.
La fleur d’oseille détient le record mondial de
production de pollen : jusqu’à 400 Millions de grains ! Mais, sauvage
ou cultivée, ce sont évidemment ses feuilles que l’on apprécie encore en
automne :
quelques feuilles crues ajoutent une note acidulée aux
salades et surtout l'oseille se consomme traditionnellement en soupe, en
omelette ou en sauce dans la traditionnelle recette du « chevreau à
l’oseille ». On peut aussi
l’utiliser comme boisson rafraîchissante en l’infusant dans l’eau froide sucrée.
Potirons et courges
ont mûri à temps pour nos soupes quotidiennes, ainsi que les citres pour leur
confiture.
Quand l'ortie
est jeune, la feuille est un légume excellent; quand elle vieillit, elle a des
filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d'ortie vaut la
toile de chanvre. Hachée l'ortie est bonne pour la volaille; broyée, elle est
bonne pour les bêtes à cornes. La graine de l'ortie mêlée au fourrage donne du
luisant au poil des animaux; la racine mêlée au sel produit une belle couleur
jaune. C'est du reste un excellent foin qu'on peut faucher deux fois l'an. (Victor Hugo, Les
misérables)
Les jeunes
feuilles de l’ortie sont consommées en épinards ou plus volontiers en soupe, ou encore en beurre d'orties comme pour les escargots dégustés ce jour !
Et pour conclure revenons encore au grand
Victor :
J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,
Parce qu'on les hait ;
Et que rien n'exauce et que tout châtie
Leur morne souhait
…
Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
Une
fois encore on n’est pas très loin de Georges Brassens et de son Don Juan...
A bientôt !
'Le Confluent'
route de Decazeville,
12140 Entraygues-sur-Truyère
Tél. : 33 (0)643 50 06 62 - 33(0)684 47 21 47
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