Au confluent du Lot et de la Truyère, face au charmant village d'Entraygues-sur-Truyère : découvrir l'étonnante variété des pays de l'Aveyron. A deux pas de l'Aubrac, des chemins de Saint-Jacques -de-Compostelle (GR65), de Conques, entre Rodez et Aurillac, près d'Estaing ou Espalion ... Laissez-vous tenter !

samedi 23 septembre 2017

Millésime 2017



Malgré le beau succès de la fête du vin, "salta coltadas", l'année 2017 est particulièrement difficile pour nos vignerons !
(revoir la présentation de salta coltadas  en cliquant ici) 


Après quelques gelées d'hiver, tout à fait normales et attendues, puis un début de printemps chaud et bien ensoleillé, le gel du 25 avril a pratiquement détruit toutes les fleurs sur la vigne.


Le beau temps qui a suivi est arrivé trop tard pour une nouvelle floraison, si bien que la plupart des plants n'ont pratiquement rien porté. 

Maigre récolte ...

Pour aggraver la situation, les précipitations de septembre sont venues détremper le raisin au moment où il avait encore besoin de mûrir un peu et les vendanges ont démarré sous la pluie avant que la pourriture ne l'attaque.



... mais quelques belles grappes quand même !

Une année vraiment détestable pour la vigne mais les vignerons restent philosophes, espèrent déjà en l’année 2018, et se rappellent qu'il y a toujours une mauvaise récolte tous les 7 à 10 ans ....

Avec eux, espérons que l'accumulation des difficultés aura permis à la vigne de "se reposer un peu" :  une année sabbatique en quelque sorte. Mieux vaut une année de malheurs que des ennuis tous les ans !




Et pourtant les "salta coltadas" ont été une belle fête !

La randonnée du samedi a rassemblé près de 40 personnes pour les 1000 m de dénivelée cumulée entre la cave de la Vidalie et celles du Fel : 23 Km agrémentés de l’accueil des vignerons dans leur cave, de ravitaillements, d’un repas dans l’ambiance sympathique du domaine Mousset. 


Clavaire ou "crête de coq"

Un parcours superbe sous un ciel radieux, à l'aplomb du Lot, à travers vallées escarpées, forêts sombres, ruisselets et champignons , campagne et vignes ...



Les randonnées du dimanche, malgré un peu de pluie, nous ont permis de découvrir les caves et les vins, d'apprécier la qualité de l'accueil des vignerons, Frédéric Forveille à la Méjanassère et Jean-Marc Viguier au Buis, et de déguster les contes d'Henri Pourrat, merveilleusement racontés en chemin par Yves Lavernhe, troubadour des temps modernes.
(voir les liens vers la Dépêche et vers le site d'Yves ... La Baliverne ! )


Entre deux visites, Jacques Serieys nous a longuement instruits sur les vins et le port d'Entraygues, puis largement régalés de chants traditionnels purement locaux.

Et pour nous consoler de la maigre production 2017, un regard attendri vers le terroir privilégié de Peyrouti, qui donne depuis quelques années chez Laurent et Pierrick Mousset un fabuleux vin blanc, exceptionnel, dont on entendra parler !

Le terroir de Peyrouti, "petites pierres" ...

... un vin dont on entendra parler ! ...
Après tout, notre Marianne, oeuvre de Viviane, n'est-elle pas symbole d'abondance sur les coteaux d'Entraygues ?

A la mairie, Marianne prodigue l'eau et le raisin sur Entraygues et la Truyère ...
A bientôt !
             
              

    'Le Confluent' 
    route de Decazeville,
    12140 Entraygues-sur-Truyère

    Tél. :  33 (0)643 50 06 62 - 33(0)684 47 21 47

    leconfluent@gmail.com

mardi 5 septembre 2017

Salta coltadas les 16 et 17 septembre

Photo Agathe Bursin (Alsace)

Pour sa deuxième version annuelle, devant le succès de la première, la mairie d'Entraygues nous accueille avec les vignerons d’Entraygues et Le Fel pour un week-end de découverte de la vigne, des vignerons et des vins d’Entraygues et Le Fel.
A l'extrême nord de l'Aveyron, les «coustoubis», vignerons paysans, travaillaient leurs vignes plantées en terrasses sur murettes (coltada) sur les pentes abruptes des vallées du Lot et de la Truyère.

Certaines anciennes coltadas restent encore très reconnaissables : ici, au Fel.

Avec à peine 22 Ha aujourd’hui, le vignoble d’Entraygues et du Fel est l’une des plus petites appellations de France, alors qu’il s’étendait de Cahors à la Lozère aux  XV°-XVII° siècles !
           



Installées sur des coteaux relativement pentus, les vignes d’Entraygues souvent plantées en amphithéâtres, reposent sur un sol granitique ...
Le domaine du Buis à Entraygues

 ... tandis que le Fel reçoit ses plants sur du schiste en pentes très escarpées : 
Domaine Mousset, sur les terrasses de schiste du Fel



              les schistes du Fel




Les principaux cépages composant les vins rouges et les rosés sont le «fer servadou» ou mansois et le cabernet franc.

Le cépage Chenin est actuellement seul pour les vins blancs, secs et fruités.
Conservatoire de vignes au Fel














Compte tenu de la taille des parcelles, les vendanges se font à la main pour un rendement maximum théorique de 45 hl/ha (en réalité beaucoup moins habituellement).

Le vignoble du Fel aurait connu ses premières plantations en vallée d’Olt aux alentours de l’année 50 de notre ère, après l’achèvement de la conquête des Gaules.

De nombreux écrits témoignent de la viticulture et évoquent des lieux-dits encore reconnaissables aujourd’hui : Villa cumbaraca (Cambeyrac), vignoble des Boys (du Buis), Vieillevie, 
et de nombreux textes et noms de lieux témoignent de la culture de la vigne autour d'Entraygues et du Fel .


Jusqu'au XIX° siècle, la vigne aura fait beaucoup vivre, travailler, souffrir, mourir toute une population de coustoubis ... 
« les vignerons du vignoble del Fel estant presque tous morts de misère, les vignes ont demeuré à travailher ».

Le dépérissement de la vigne.
Alors qu’elle couvrait plus de 1.000 Ha au milieu du XIX° siècle sur nos coteaux, la vigne connaîtra une décadence aggravée par l'émigration massive qui en résulte : intempériesépidémies, maladies de la vigne, puis la grande guerre et enfin le chemin de fer achèvent le déclin de nos coteaux.
... Le bon vieux temps est mort, les coteaux archaïques sont abandonnés, pour se couvrir de broussailles et de chênaies et l’émigration rouergate, déjà commencée après la guerre de 1870, s’accélère.

Un timide renouveau se dessine dans les années 1950 :
Sur un peu plus de 200 Ha à Vieillevie, Enguialès-Le Fel, et Entraygues, près de 350 viticulteurs produisent environ 2500 hectolitres (dont 300 Hl de blanc à Entraygues, sur sol granitique): l’époque est encore celle de la productivité, de la quantité sur de minuscules exploitations.
Mais la grande gelée de l’hiver 1956 sera fatale pour les anciennes vignes reconstituées et la gelée du printemps 1957 achève leur disparition. On tentera la culture fruitière sans grand succès, puis l’élevage de chèvres et la production du cabecou.

C’est la dynamique du vignoble de Marcillac qui inspire 7 vignerons dès le début des années 60 : Emile Viguier, Henri Avallon, Sylvain Blanchis, Henri Barbance, Joseph Ferrary, Casimir Boule et Raymond Fau. Ils terrassent les anciens coteaux au bulldozer, remplacent les échalas par des palissages en fil de fer, et utilisent pour les nouvelles plantations des greffons de la vieille souche du pays : lo saumancès ou mansois, appelé aussi fer-servadou, qui compose désormais la majeure partie du vignoble.


A côté du vin rouge, Entraygues a toujours tiré sa réputation des vins blancs à base de Gamet d’Entraygues, sous-variété issue du chenin d'Anjou, particulièrement adaptée à notre région, qui produit des vins de très longue conservation, liée à sa belle minéralité.

Nous avons eu l’occasion de déguster quelques bouteilles de vin blanc d’Entraygues produit dans la fin des années 1980, embouteillé et conservé dans des conditions très rustiques : excellent, il évoquait les meilleurs vins des coteaux du Vendômois (utilisant aussi le chenin), et emportait l’enthousiasme des spécialistes présents à la dégustation. Notre seul regret est que nous avons à cette occasion vidé les dernières de ces bouteilles. Merci Eliane et Michel !

Dès 1963 le label « vin délimité de qualité supérieure » qualifie une récolte de 1.021 Hl de vin rouge et 177 Hl de vin blanc sur la seule commune d’Entraygues. Début 1966 apparaissent les premières étiquettes de « vin d’Entraygues et du Fel ».

Arboriculteur de formation, Frédéric Forveille se forme à la viticulture en Bourgogne et revient en 1981 créer de toutes pièces son vignoble, superbe amphithéâtre à l'aplomb du Lot en amont d'Entraygues. Le domaine de la Méjanassère est né.

Renaissance du vignoble du Fel
Mais plus personne, en 1980, ne croit au renouveau du vignoble du Fel, sur ses coteaux de schistes, abrupts et arides, et le patrimoine est peu à peu cédé aux citadins ou aux marginaux, désireux de la vie à la campagne mais non du travail de la vigne.


Il faut attendre 1982 pour qu’Auguste Abeil, constatant que les vieilles coltadas pouvaient encore produire, se mette à défoncer le terrain et y plante nouvelles et anciennes souches, parmi lesquelles le fameux Mansois (fer servadou ou saumancès).


Murettes écroulées et coteaux abrupts transformés en terrasses au bulldozer en 1987-88, 6.000 jeunes souches sont plantées en 1988 et 1989 sur 3 Ha par les pionniers Auguste Abeil, Roger Lalo et Pierre et Laurent Mousset. Dès 1991, Laurent obtient le label VDQS pour son vin dels Canonges.
Si les coteaux d’Entraygues et le Fel ne produisent en 1986 que 600 Hl de vin de qualité sur 15 Ha de vignes rénovées, en 1988 la récolte a déjà doublé. En 1992, les 3 communes d’Entraygues, Enguialès-Le Fel et Vieillevie, donnent près de 1500 Hl de vin rouge (et 272 Hl de blanc sur Entraygues).

Passée en appellation d’origine contrôlée (AOC) en 2011, puis dans sa version européenne, appellation d’origine protégée (AOP), la production est aujourd’hui assurée par les 5 seuls viticulteurs qui perpétuent et développent la tradition et la production d’un vin de qualité toujours améliorée.
Le vignoble couvre aujourd’hui, en AOP, 22 Ha pour une production de moins de 900 Hl, commercialisés presque exclusivement sur place (restaurants, commerces et particuliers, y compris les touristes).
Délibérément dégagés de la logique productiviste, les viticulteurs ont désormais préféré la dynamique de la qualité à la quantité des époques révolues.
Et de plus, à leur production de base, ils ont commencé à joindre des cuvées améliorées par le choix du terroir, par la technique de vinification et par l’élevage en barriques. A vous le plaisir de les découvrir en visitant leurs caves.

Ne manquez donc pas de les visiter : Salta Coltada nous donne l'occasion de randonnées dans leurs domaines et de visites dans leurs caves.
  • Jean-Marc Viguier, notre voisin, au vignoble du Buis sur sol granitique, à 2 pas du Lot
    domaine du Buis



  • Le domaine de la Méjanassère de Frédéric Forveille, avec ses 4 Ha de vignes en amphithéâtre sur sol granitique, orientées Sud-Ouest et surplombant la vallée du Lot en un splendide spectacle
    la méjanassère





  • Le domaine Laurent Mousset (et son fils Pierrick, de la jeune génération, inconditionnel du "bio" ) : 6 Ha de schistes sur les coteaux escarpés du Fel  (4 Ha de rouge situés sous le village et 2 Ha de chenin plantés à En Cabrières) et 2 Ha à Marmaton, à proximité immédiate de Jean-Marc Viguier sur l'arène granitique.




 
domaine Mousset au Fel
  


Mousset à Marmaton



    • Les Terrasses du Haut Mindic d’Annie Abeil, plantées plein sud entre 250 et 450 m d’altitude sur schistes marrons, comme les vignes du Fel. 
      domaine du Haut Mindic

        







      Terrasses de la Vidalie
    • Les Terrasses de la Vidalie, ferme d’Isabelle et Serge Broha, 2 Ha situés dans le Cantal, à moins de 15 Km d’Entraygues.






    • Bienvenue aux jeunes ! Nouveau venu, Pierre Albespy, après avoir travaillé dans les vignobles bourguignons et dans les côtes du Rhône, est revenu au pays où il a réalisé des terrasses mécanisables et planté le Fer Servadou (Mansois) et le cabernet franc en 2015 et 2016. Il a toutes les chances d'obtenir dès l'année prochaine l'appellation d'origine pour ses rouges et ses rosés, que l'on peut déjà déguster dans la nouvelle cave - où il propose également les vins des deux autres vignerons du Fel :



       


      Voyez tous les détails sur
      le site de l'Office du Tourisme 

      Et pour tout comprendre des vignobles d'Entraygues et du Fel,
      lire aussi Paul Strang : Les vins d’Entraygues et du Fel, in Les vins du Sud Ouest, éditions du Rouergue 1997, p 64 à 69,
      lire absolument l’ouvrage de Zéphir Bosc, grand connaisseur de toute l’histoire de nos coteaux : « La vigne et le vin du Fel et d’Entraygues »,et surtout écouter la conférence de Jacques Serieys sur "le vin, les gabarres, et l'histoire d'Entraygues", le dimanche 17 septembre à 11 heures.     
    A bientôt !
                 
                  

      'Le Confluent' 
      route de Decazeville,
      12140 Entraygues-sur-Truyère

      Tél. :  33 (0)643 50 06 62 - 33(0)684 47 21 47

      leconfluent@gmail.com