Déjà victime plusieurs fois
des visites du goupil, j’avais, sur le conseil d’un ami, installé sur la cabane
de mes poules une « porte automatique à fermeture et ouverture crépusculaires » (PAFOC).

Pour environ 100 €
cette petite merveille, dont les 2 piles peuvent tenir jusqu’à 4 ans, s’ouvre
pour laisser sortir les poules peu après le lever du soleil.
Elles peuvent
ainsi, bien avant l’arrivée du maître et de la ration quotidienne, se mettre à
picorer les restes de la veille et les herbes qui parviennent encore à pousser
dans leur enclos.Et au coucher du soleil, bien après que les gallinacés sont rentrés, automatiquement la porte se referme, les protégeant de visites nocturnes des prédateurs, nombreux en cette région : renard, fouine, martre ou même blaireau.
La PAFOC me
garantissait contre l’oubli de refermer la porte les soirs de sortie ou de
rentrée tardive, et m’autorisait à traîner le matin avant d’aller porter leur
pitance à mes volatiles. Le confort et la sécurité ! De plus la PAFOC
simplifiait la gestion de nos absences : la personne chargée de veiller
sur nos volatiles pouvait se contenter de venir une fois par jour pour ramasser
les œufs et remplir la mangeoire.
C’est ainsi qu’ont vécu
tranquillement nos pintades et nos poules, nous donnant jusqu’à 900 œufs par
an, nous permettant omelettes copieuses et pâtisseries variées, réjouissant
quelques amis bénéficiaires de nos surplus. Tous les jours en effet je
comptabilisais minutieusement chaque œuf récolté, le numérotant et le datant,
et reportant le bilan sur l’agenda.
Mais …
« en toute chose il faut considérer
la fin » dit-on au Togo…
Le 1er décembre
dernier, prévoyant d’assassiner l’une de nos pintades en vue des repas de Noël,
j’envisageais d’aller l’attraper dans son sommeil après le coucher du soleil et
la fermeture des portes. Mais c’est évidemment ce soir-là que les 2 pintades ont
décidé de ne pas rentrer au logis et de rester dans l’enclos mais à l’extérieur
de la cabane. Avaient-elles une intuition ? Laquelle ? Il me fut
impossible de les récupérer pour les remettre en bonne place, l'une dans la cabane, l'autre dans un carton en prévision de son égorgement le
lendemain matin.
Résigné
et vexé je m’étais promis de remettre l’opération au lendemain soir.
Mais
le 2 décembre au premier point du jour, nous entendîmes
gémir une pintade et je me précipitai donc vers le poulailler. Plus je m’en approchais,
plus j’entendais s’éloigner les gémissements pintadesques dans les fourrés
voisins. Arrivé dans l’enclos je découvre une pintade décapitée, encore toute
chaude… l’autre a disparu, kidnappée vivante par maître Renart.
Après
tout, telle est la Nature qu’il faut toujours être prêt à partager :
quelques salades pour les limaces, quelques topinambours pour les rats taupiers,
des cerises pour les pies, le miel des abeilles pour nous, les œufs de nos
poules pour les voisins…
Ne me restaient donc que
les 6 poules (les oies ne partagent pas le même logis). Mais la farce n’était
pas complète.
Ce
12 février matin, allant gaîment porter leur petit déjeuner, particulièrement
copieux ce jour-là, riche des nombreux déchets du festin de la veille, je
découvre avec inquiétude qu’aucune poule n’est sortie. Derrière la PAFOC
ouverte, l’entrée de la cabane est jonchée de plumes blanches ! Et j’y
ramasse le coq et une poule décapités, morts de décérébration, et les 4 autres
le cou brisé, mortes de tétraplégie.
Dans
mon désespoir, une consolation : le goupil me les a laissées et elles sont
encore chaudes. Il m’a suffi de la journée pour les plumer et vider. Il faisait
beau ce jour-là et c’est au soleil que j’ai pu me livrer à cette opération de
recyclage.
Notre réfrigérateur ne suffisait plus et nous avons donc décidé de mettre rapidement le coq à la marinade, dans le vin blanc du Fel et mon vinaigre de vin, avec deux lapins de garenne offerts par un ami, ainsi qu’un jarret de veau et une échine de porc, conformément à la recette traditionnelle.
Précédé d’une
chuche-mourette, le potjevleesh a été très apprécié de nos invités, accompagné
d’une salade flamande avec des chicons, suivi d’un bon morceau de Maroilles et
d’une crème brûlée à la chicorée. Occasion pour eux de
découvrir la cuisine Chti, bien différente des
petits plats aveyronnais (voyez sur notre blog « venez vous régaler au marché des producteurs »).
Les invités avaient eu la
gentillesse de nous apporter une composition « le coq et le renard »
dans laquelle un grand roi de basse-cour humilie un rusé miniature… comme
j’aurais souhaité que le fasse mon gélinot maladroit.
Mais cette fois je leur ferai lire chaque soir la fable de Jean de la Fontaine.
Ou, mieux, je la leur dirai à haute voix.
A bientôt !
'Le Confluent'
route de Decazeville,
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