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Photo Agathe Bursin (Alsace) |
Pour sa deuxième version annuelle, devant le
succès de la première, la mairie d'Entraygues nous accueille avec les vignerons d’Entraygues et Le Fel pour un week-end de
découverte de la vigne, des vignerons et des vins d’Entraygues et Le Fel.
SALTA COLTADAS LES 16 ET 17 SEPTEMBRE 2017
A l'extrême nord de l'Aveyron, les «coustoubis», vignerons paysans,
travaillaient leurs vignes plantées en terrasses sur murettes (coltada) sur les pentes abruptes des
vallées du Lot et de la Truyère.
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Certaines anciennes coltadas restent encore très reconnaissables : ici, au Fel. |
Avec à peine 22
Ha aujourd’hui, le vignoble d’Entraygues et du Fel est l’une des plus petites
appellations de France, alors qu’il s’étendait de Cahors à la Lozère aux XV°-XVII° siècles !
Installées sur des coteaux relativement pentus, les vignes d’Entraygues souvent plantées en
amphithéâtres, reposent sur un sol granitique ...
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Le domaine du Buis à Entraygues |
... tandis que le Fel reçoit ses
plants sur du schiste en pentes très escarpées :
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Domaine Mousset, sur les terrasses de schiste du Fel |
les schistes du Fel 
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Les
principaux cépages composant les vins rouges et les rosés sont le «fer
servadou» ou mansois et le cabernet franc.
Le cépage Chenin est actuellement seul pour les vins blancs, secs et fruités.
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Conservatoire de vignes au Fel |
Compte tenu de la taille des parcelles, les vendanges se font à la main pour un
rendement maximum théorique de 45 hl/ha (en réalité beaucoup moins habituellement).
Le vignoble du Fel
aurait connu ses premières plantations en vallée d’Olt aux alentours de
l’année 50 de notre ère, après l’achèvement de la conquête des Gaules.
De nombreux écrits témoignent de la viticulture et évoquent des
lieux-dits encore reconnaissables aujourd’hui : Villa cumbaraca (Cambeyrac), vignoble des Boys (du Buis), Vieillevie, 
et de nombreux textes et noms de lieux témoignent de la culture de la
vigne autour d'Entraygues et du Fel .
Jusqu'au XIX° siècle, la vigne aura fait beaucoup vivre, travailler, souffrir, mourir toute une population de coustoubis ...
« les vignerons du vignoble del Fel estant presque tous morts de misère, les vignes ont demeuré à travailher ».
Le dépérissement de la vigne.
Alors qu’elle
couvrait plus de 1.000 Ha au milieu du XIX° siècle sur nos coteaux, la vigne connaîtra une décadence aggravée par l'émigration massive qui en résulte : intempéries, épidémies, maladies de la vigne, puis la grande guerre et enfin le chemin de fer achèvent le déclin de nos coteaux.
... Le bon vieux
temps est mort, les coteaux archaïques sont abandonnés, pour se couvrir de
broussailles et de chênaies et l’émigration rouergate, déjà commencée après la
guerre de 1870, s’accélère.
Un timide renouveau se dessine dans
les années 1950 :
Sur un peu plus de 200 Ha à Vieillevie, Enguialès-Le Fel, et Entraygues, près de 350 viticulteurs produisent environ 2500 hectolitres (dont 300 Hl de blanc à
Entraygues, sur sol granitique): l’époque est encore celle de la productivité,
de la quantité sur de minuscules exploitations.
Mais la grande
gelée de l’hiver 1956 sera fatale pour les anciennes vignes reconstituées et la
gelée du printemps 1957 achève leur disparition. On tentera la culture
fruitière sans grand succès, puis l’élevage de chèvres et la production du
cabecou.
C’est la dynamique du vignoble de
Marcillac qui inspire 7
vignerons dès le début des années 60 : Emile Viguier, Henri Avallon, Sylvain Blanchis, Henri Barbance, Joseph Ferrary, Casimir Boule et Raymond Fau. Ils terrassent les
anciens coteaux au bulldozer, remplacent les échalas par des palissages en
fil de fer, et utilisent pour les nouvelles plantations des greffons de la vieille souche du pays : lo saumancès ou mansois, appelé aussi fer-servadou, qui compose
désormais la majeure partie du vignoble.
A côté du vin rouge, Entraygues a
toujours tiré sa réputation des vins blancs à base de Gamet d’Entraygues, sous-variété issue du chenin d'Anjou, particulièrement adaptée à notre région, qui produit des vins de très longue conservation, liée à sa belle
minéralité.
Nous avons eu l’occasion de déguster quelques bouteilles de vin blanc d’Entraygues produit dans la fin des années 1980, embouteillé et conservé dans des conditions très rustiques : excellent, il évoquait les meilleurs vins des coteaux du Vendômois (utilisant aussi le chenin), et emportait l’enthousiasme des spécialistes présents à la dégustation. Notre seul regret est que nous avons à cette occasion vidé les dernières de ces bouteilles. Merci Eliane et Michel !
Dès 1963 le label
« vin délimité de qualité supérieure » qualifie une récolte de 1.021 Hl
de vin rouge et 177 Hl de vin blanc sur la seule commune d’Entraygues. Début
1966 apparaissent les premières étiquettes de « vin d’Entraygues et du
Fel ».
Arboriculteur de formation, Frédéric Forveille se forme à la viticulture en Bourgogne et revient en 1981 créer de toutes pièces son vignoble, superbe amphithéâtre à l'aplomb du Lot en amont d'Entraygues. Le domaine de la Méjanassère est né.
Renaissance du vignoble du Fel
Mais plus personne,
en 1980, ne croit au renouveau du vignoble du Fel, sur ses coteaux de
schistes, abrupts et arides, et le patrimoine est peu à peu cédé aux citadins ou aux
marginaux, désireux de la vie à la campagne mais non du travail de la vigne.
Il faut
attendre 1982 pour qu’Auguste Abeil, constatant que les vieilles coltadas pouvaient encore
produire, se mette à défoncer le terrain et y plante nouvelles et
anciennes souches, parmi lesquelles le fameux Mansois (fer servadou ou saumancès).
Murettes
écroulées et coteaux abrupts transformés en terrasses au bulldozer en 1987-88,
6.000 jeunes souches sont plantées en 1988 et 1989 sur 3 Ha par les pionniers
Auguste Abeil, Roger Lalo et Pierre et Laurent Mousset. Dès 1991, Laurent
obtient le label VDQS pour son vin dels
Canonges.
Si les coteaux
d’Entraygues et le Fel ne produisent en 1986 que 600 Hl de vin de qualité sur
15 Ha de vignes rénovées, en 1988 la récolte a déjà doublé. En 1992, les 3 communes d’Entraygues, Enguialès-Le Fel et
Vieillevie, donnent près de 1500 Hl de vin rouge (et 272 Hl de blanc sur
Entraygues).
Passée en appellation d’origine
contrôlée (AOC) en
2011, puis dans sa version européenne, appellation d’origine protégée (AOP), la
production est aujourd’hui assurée par les 5 seuls viticulteurs qui perpétuent
et développent la tradition et la production d’un vin de qualité toujours
améliorée.
Le vignoble couvre aujourd’hui, en AOP, 22 Ha pour une
production de moins de 900 Hl, commercialisés presque exclusivement sur place
(restaurants, commerces et particuliers, y compris les touristes).
Délibérément
dégagés de la logique productiviste, les viticulteurs ont désormais préféré
la dynamique de la qualité à la quantité des époques révolues.
Et de plus, à leur
production de base, ils ont commencé à joindre des cuvées améliorées par le
choix du terroir, par la technique de vinification et par l’élevage en
barriques. A vous le plaisir de les découvrir en visitant leurs caves.
Ne manquez donc pas de les visiter : Salta Coltada nous donne l'occasion de randonnées dans leurs domaines et de visites dans leurs caves.
- Jean-Marc Viguier, notre voisin, au vignoble du Buis sur sol granitique, à 2 pas du Lot
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domaine du Buis |
- Le domaine de la Méjanassère de Frédéric Forveille, avec ses 4 Ha
de vignes en amphithéâtre sur sol granitique, orientées Sud-Ouest et
surplombant la vallée du Lot en un splendide spectacle
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la méjanassère |
Le
domaine Laurent Mousset (et son fils Pierrick, de la jeune
génération, inconditionnel du "bio" ) : 6 Ha de schistes sur les
coteaux escarpés du Fel
(4 Ha de rouge situés sous le village et 2 Ha de chenin plantés à En Cabrières) et 2 Ha à Marmaton, à proximité immédiate de Jean-Marc Viguier sur l'arène granitique.
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domaine Mousset au Fel |
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Mousset à Marmaton |
- Les Terrasses du Haut Mindic d’Annie Abeil, plantées plein sud
entre 250 et 450 m d’altitude sur schistes
marrons, comme les vignes du Fel.
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domaine du Haut Mindic
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Terrasses de la Vidalie |
- Les Terrasses de la
Vidalie, ferme d’Isabelle et Serge Broha, 2 Ha situés dans le
Cantal, à moins de 15 Km d’Entraygues.
- Bienvenue aux jeunes ! Nouveau venu, Pierre Albespy, après avoir travaillé dans les vignobles bourguignons et dans les côtes du Rhône, est revenu au pays où il a réalisé des terrasses mécanisables et planté le Fer Servadou (Mansois) et le cabernet franc en 2015 et 2016. Il a toutes les chances d'obtenir dès l'année prochaine l'appellation d'origine pour ses rouges et ses rosés, que l'on peut déjà déguster dans la nouvelle cave - où il propose également les vins des deux autres vignerons du Fel :
'Le Confluent'
route de Decazeville,
12140 Entraygues-sur-Truyère
Tél. : 33 (0)643 50 06 62 - 33(0)684 47 21 47