Les habitants d’Entraygues savent la Truyère capable
de crues impressionnantes, comme en témoignent les échelles affichées sur les
bâtiments anciens d’Entraygues :
le moulin, la maison de la Reine Margot.
Encore en ce siècle, malgré les nombreux barrages et
les systèmes télécommandés qui contribuent à réguler les débits du Lot et de la
Truyère, on a pu voir les eaux monter dans les rues et places d’Entraygues où
l’on se déplaçait en barque en décembre 2003 !
Une rivière impressionnante.
Il faut dire que cette petite rivière de 170 Km reçoit l’affluence d’une
trentaine de rivières avant de se joindre au Lot sous nos yeux, au pied du
château d’Entraygues, drainant un bassin de près de 3 300 Km².
Son débit moyen annuel, calculé sur un siècle, est de 70 m3/seconde
mais il peut aller jusqu'à 109 m3, ou descendre à 2 m3 en périodes de sécheresse. En
hiver, en fonction de la pluviométrie et des besoins de la production
hydro-électrique, ce débit peut varier de 1 à 13 au cours de la même journée.
Le système de gestion des étiages permet de maintenir dans le Lot en
aval d’Entraygues un débit suffisant pour couvrir en période de basses eaux les
besoins en eau potable, les prélèvements agricoles, les prélèvements industriels,
les activités nautiques et surtout le bon fonctionnement des écosystèmes
aquatiques. Les principales réserves permettant de garantir ce débit d’étiage
sont les barrages hydro-électriques qui font de la Truyère et de ses affluents
un formidable réservoir de 560 m3.
La gestion coordonnée de tous ces barrages et des deux barrages sur le
Lot en amont d’Entraygues ont permis que, même aux pires périodes de sécheresse
telle la canicule de l’été 2003, aucune restriction de prélèvements n’a dû être
décrétée pour le bassin du Lot.
Cliquer ici pour revoir notre billet sur le barrage de Sarrans en 2014.
Nous avons pu craindre pour nos canoës et surtout pour
nos pommiers, non loin de nos ruches …
Ainsi les bassins de la Truyère et surtout du Lot sont-ils protégés de la pénurie en eau.
Mais les quantités instantanées maximales observées à
Entraygues peuvent aller jusqu’à 1800 m3. Outre les précipitations pluvieuses, surtout automnales, les risques de
crues et d’inondation sont liés à la fonte des neiges au printemps sur l’Aubrac
et la Margeride. Le débit des crues biennales est de 670 m3, soit près de 10 fois le débit annuel moyen.
Un avertissement !
Nous avons eu récemment un petit événement
prémonitoire, dont la presse locale s’est fait l’écho : une mystérieuses disparition.
A quelques mètres du confluent avec le Lot, nous
avions aménagé une petite plage permettant pendant l’été aux enfants et
petits-enfants de patauger et de mettre à l’eau leurs canoës.
Un peu en hauteur dans l’espoir d’éviter les changements brusques de
niveau, nous avions installé un banc de bois : rustique à souhait, le banc avait été
fabriqué de toutes pièces à partir de gros madriers de récupération.
Lourd et
parfaitement inesthétique, il avait l’avantage de pouvoir supporter les
intempéries. Il pesait tant qu’il avait fallu profiter de la présence d’une
grue pour le descendre et le placer à quelque distance et à quelque hauteur de
l’eau.
Et pourtant … le dimanche 4 décembre matin, sans qu’on ait le moindre
souvenir d’une crue ou d’un impétueux « tsunami de rivière » dans les jours précédents, le banc avait disparu. Une exploration
immédiate,
à
partir des rives de la Truyère et du Lot sur une dizaine de km n’a pas permis de retrouver le fameux banc, si lourd
et encombrant qu’il n’avait pourtant pas pu aller très loin : on
en vient à se demander si de violents flots sont réellement à l’origine de
cette disparition ! Aucune
trace de pas ni signe du moindre passage sur le terrain … ?
Ainsi ce banc sans aucune valeur vient de prendre toute
son importance du simple fait de sa disparition, et obtiendrait pour nous le
statut de pièce historique si par chance il retrouvait sa position initiale.
La crue du nouvel an
Et le 4 janvier, jour de la publication de l'événement dans le bulletin d'Espalion, probablement par mesure
de rétorsion, la Truyère lâchait ses grandes eaux, montant dangereusement
jusqu’à la limite du terrain de pétanque sous le château, menaçant les canoës
que nous avions pourtant remontés bien haut sous la route, immergeant les pieds
de quelques jeunes pommiers … Il faut dire que la pluie et la neige se sont
conjuguées à la fois sur le bassin du Lot et celui de la Truyère : pas un jour sans pluie (et depuis, 150 mm sur les 12 premiers jours de l'année, contre 0 mm pour la
même
période il y a un an).
Tout le village est en émoi. Le maire s’est levé en pleine nuit pour
faire évacuer quelques camping-cars, les abords du château ont été barrés à la
circulation, les employés municipaux se sont affairés à évacuer le mobilier
urbain des abords du confluent.
Après quelques jours de « décrue » les niveaux restent bien hauts.
La passerelle sur le Lot est toujours entièrement sous eau et bloque un gros arbre ainsi que des branches.
Comparez ici la passerelle entre 2006 et 2018 !
Et tout le monde évoque la récente inondation de
2003, durant laquelle on circulait en barque devant l’étape de la Reine Margot !
2017 avait été une année pauvre en eau et les nappes
avaient bien besoin d’être reconstituées."Les douze premiers jours de l'année indiquent le temps des douze mois de l'année" : e spérons que la nature ne nous jouera pas un mauvais tour et qu’elle évitera de nous inonder cette fois-ci.
Attendons
et voyons ce que nous réservent l’hiver et le printemps !
A bientôt !
'Le Confluent'
route de Decazeville,
12140 Entraygues-sur-Truyère
Tél. : 33 (0)643 50 06 62 - 33(0)684 47 21 47
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