Salta
coltadas, fête de la vigne et des vignerons :
à quand le retour des cures de raisin ?
Jadis
la saison des vendanges se clôturait par un repas communautaire : la solenca à laquelle participaient
vignerons et journaliers. Les aides bénévoles emportaient ensuite pour leur
consommation soit un boirel de raisin
par famille, soit quelques rameaux de raisin moissaguès ou saumancès.
On réservait aussi quelques paniers pour les offrir au prieur-curé de la
paroisse.
De là
dériva peut-être la coutume des cures de raisin. Dès la fin du XIX° siècle, chaque
canton, chaque commune, chaque hameau avait sa spécialité d’émigrants à
Paris : charbonniers, garçons d’hôtel, marchands de vin, nourrisseurs.
Economes et laborieux, ils amassaient sou par sou et ne reculaient devant
aucune tâche. Pour se refaire la santé, ils se rendaient au pays pour une cure
de « petit lait » dans les montagnes d’Aubrac ou une cure de raisin à
Entraygues.
Ignorant
leurs taux de cholestérol ou d’acide urique, ils avaient la sagesse de préférer
les avantages prodigués par la nature en conciliant gastronomie naturelle et
découverte du paysage.
C’est
ainsi qu’en 1931 Jean Carbonel, botaniste et instituteur peut décrire la cure
de raisin :
« Il
existe à Entraygues une saison dite « cure de raisin » du 10
septembre au 1er octobre. Pour la faire conformément à l’usage, il
faut être à l’hôtel pendant 8, 12 ou 15 jours, se lever à 7 heures et, avant de
rien absorber, se rendre à la vigne-jardin de l’hôtel, choisir et couper
soi-même ses grappes, préférablement pas trop mûres, et manger ainsi à jeun ½
kilo à 1 kilo de raisins, après quoi certains cassent la croûte tandis que
d’autres attendent le déjeuner de midi. Cette cure produit un effet légèrement
purgatif et débarrasse le foie.

La soirée peut être passée
au dancing ou aux théâtres ambulants, fréquents à cette saison. »
Dans «Un hôtel à Entraygues. La Maison Andrieu»
Pierre Poujol raconte avec plaisir la «cure uvale», laxative, chargée de
nettoyer les intestins, parfois complétée d’une cure de petit-lait sur l'Aubrac
pour rendre leur ligne aux touristes qui s'étaient trop adonnés aux plaisirs de
la table aveyronnaise :
On aperçoit le pont de Truyère l'arrière-plan de cette photo |
L’hôtel du Lion d’Or n’était pas en reste et pourrait être celui
évoqué par Jean Carbonel.
De
tout temps le raisin est utilisé pour les vertus qu’on lui attribue, tantôt
pour les tendons et les articulations, tantôt pour la digestion mais aussi
contre les infections urinaires, les néphrites, les cystites et les coliques,
pour le drainage du foie ou pour la prévention des hémorroïdes et
l’hypertension artérielle. Diurétique, laxatif, dépuratif, le raisin présente
un grande richesse en fibres qui le rendent facilement assimilable.
En 1789,
Desbois de Rochefort, professeur de médecine déclarait :
« Le raisin est d’après l’expérience de
beaucoup de praticiens et la mienne propre le meilleur fondant de la bile. Il
est très bon pour les engorgements des viscères abdominaux, les jaunisses très
rebelles, la fièvre quarte car c’est un excellent dépuratif »
Autant
dire que le raisin est bon pour tout : l’essentiel est probablement d’y
croire fermement, sans aller jusqu’à la mode des cures uvales totales proposées
sans discernement par les livres et sites « tendance ».
On
pourra aussi essayer le « bourru » : vin à peine sorti de
l’enfance, c’est le jus de raisin au tout début de sa fermentation. Sucré, peu
alcoolisé, encore pétillant, à déguster avec des châtaignes.
Boire du bourru
est un excellent moyen de lutter contre le déficit de la sécurité sociale en
réalisant d’importantes économies sur les achats de laxatifs et sur les prises de sang
et bilans biologiques !
Alors,
à quand la cure de raisin pour donner à Salta coltadas un petit côté
« tradition » dans l’esprit des journées du patrimoine ?
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